Roselyne Rosso-Bruno

Période expressionniste et fauve (1950-1970)

Lorsqu’elle fait partie des "Indépendants aixois" dès 1957, ses aquarelles et essences représentent des paysages des Basses-Alpes, du Comtat Venaissin, des rues, des places d’Aix, des scènes de marché, des jardins publics et leur kiosque (de nos jours souvent disparus), des personnages dans la rue ou sur le pas de leur porte, des marines ou encore des scènes de pêche. Elle exécute également natures mortes, portraits et autoportraits (notamment au fusain). Ses compositions sont nées de sensations furtives qui donnent à son œuvre tout son mouvement et sa spontanéité. Elle peint en larges touches qui "lui donne toute sa puissance évocatrice" (1969) et peuvent se dégrader dans tous les camaïeux, ses couleurs sont chaudes et vives… Toutes lui sont permises car elle sait les manier habilement ! Un trait noir épais toujours présent environne les formes et encercle les zones de couleurs, à la façon des orientaux.

D’autre part, les zones de lumière traduisent la clarté, non seulement du sujet, du thème principal, mais également de son style : "une matière riche, ruisselante de lumière s’étale en touches vigoureuses entre les traits précis que son imagination arrangue en longues guirlandes sur les toiles" (1970). Le critique ajoutera : "Roselyne Bruno porte ses regards sans tache du ciel et de l’eau réunis : ses marines dénotent une grande puissance de suggestion et une maîtrise certaine dans l’art de manier la pâte afin de lui en donner tous les tourments d’une mer en mouvement".

Ses personnages pris sur le vif et sans hésitation ajoutent à la spontanéité et la sincérité de son œuvre (que ce soit ses enfants en train de jouer ou "Café chantant").

Ses sources d’inspiration

Ses sources picturales et sa méthode, elle en parle elle-même : "Peu à peu, je me détache du paysage pur et simple pour insérer des personnages qui prennent une plus grande importance dans le paysage pour humaniser presque totalement l’œuvre. J’ai toujours éprouvé la plus grande admiration pour le fauvisme : Matisse, Manguin, Derain, Dufy, Van Dongen et pour l’expressionnisme : Jawlesky, Soutine, Chagall, Edward Munch et j’exécute une tendance figurative expressionniste, vigoureuse et colorée.

Tout en me documentant et tentant de suivre l’évolution de quelques peintres contemporains, je m’efforce d’oublier le plus possible leur influence en demeurant "moi-même" avant tout. Mais je n’oublie pas le précieux conseil que Matisse donnait aux jeunes peintres : "il ne pourra pas perdre, s’il est sensible, l’apport de la génération qui l’a précédé, car il est en lui cet apport, malgré lui" et il doit s’en dégager pour donner lui-même et à son tour offrir une chose nouvelle et de fraîche inspiration".

"Je retiens pour devise les paroles de deux peintres célèbres du siècle dernier : l’art est une parole avec laquelle on communique avec son entourage. Je désire avant tout demeurer sincère avec moi comme avec mon prochain" et en art, on n’invente pas mais on découvre parfois, à force de volonté, une terre nouvelle, une simple terre où l’on puisse faire lever la poésie qu’on y sème", et je reprendrai les paroles de Jean Cassou : "La peinture est un art jaloux qui se veut maîtresse absolue de l’esprit qu’elle occupe ; elle est une force qui ne demande rien d’autre qu’à se manifester, telle la vie…"

Elle ajoute : "Parmi toutes les expériences que l’on peut faire, abstraites ou figuratives, il faut analyser et transformer les formes de la nature, en les passant au crible de sa propre intelligence et de son sentiment intime. C’est ce qui permet de trouver sa voie. Il faut chercher la synthèse des choses, retenir et exprimer la substance vivante de l’œuvre. Je crois que la méthode et la technique ne suffisent pas pour créer, et sans imagination, il n’y a pas d’art. Comme disait André Lhote : "il faut saisir cette alchimie dont l’artiste est le produit…" Il faut rompre avec la routine conformiste et savoir garder encore cette fraîcheur de l’enfance au contact des objets, préserver cette naïveté, être simple, naïvement personnel" (propos recueillis en 1970).

Ainsi, d’une peinture de structure pourtant réaliste, influencée fortement par les courants "expressionniste" et "fauve" où ses compositions naissent de toutes sortes de scènes tirées du quotidien (marchés, villages de Provence…), Roselyne Rosso-Bruno tend-elle à y incorporer de plus en plus fortement le fruit de son imaginaire. Son monde intérieur devient le fil conducteur de son art où se mêlent peu à peu toutes sortes de symboles. Partant de thèmes classiques, elle marque dans la toile la force de son empreinte, et ses tourments aussi : les vagues semblent sur le point de se déchaîner… les ciels, souvent chargés, subissent le même sort ainsi que l’ensemble des éléments qui composent ses toiles : arbres, personnages, paysages qui se plient à ce mouvement de torsion.

Car Roselyne Rosso-Bruno ne croît ni aux théories, ni aux recettes, ni à la mode. "Pour moi, sans imagination, il n’y a pas d’art. Ce que je recherche, c’est l’expression". Ce qu’elle désire : "devenir le visionnaire, le messager d’une époque, d’un rêve, d’une poésie." Elle est pour les critiques une artiste lucide, consciente de ses possibilités et de son grand talent écrira un critique.

Période expressionniste et fauve | Période lyrique fantastique | Période surréaliste ou imaginaire | Période Cathare | Période symboliste

Le titre du tableau

Boulevard Émile Zola (Aix)

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